Chhhhhhh, chhhhhh , chhhhh, un bruissement aigu s’immisce dans la cavité, tout était si calme quelque instants auparavant, le son empli l’espace et modèle la pensée à son image ;
Une douce et discrète sonorité apaise l’esprit tel le sifflement d’une Sitelle torchepot ou d’un Troglodyte mignon, tandis que le râle rauque et puissant du catabatique ajoute à l’espace un contenu qui aurait tendance à disperser la concentration et l’attention des plus nerveux.
Le son, vecteur de l’air et donc du souffle, musique créative qui permet d’engendrer la tranquillité ou le chaos. Le souffle s’évertue à nous maintenir en vie mais aussi à nous donner la vitalité, celle qui nous permet d’accepter et d’accréditer notre présence dans un corps, celle qui nous donne le désir de vivre.
Souffler libère, inspirer soulage, aspirer à quelque choses est bien un processus de désir du même ordre et de même nature que celui de vivre. A celui-ci, s’y ajoute ainsi la symbolisation par le mental et le traitement analytique qui, à partir de la base de données de la mémoire, construire et fera émerger le rêve ou désir des sens, source de nos idées et de nos pensées.
Si celles-ci sont parfois en contradiction avec nos sens et nos désirs c’est qu’elles résultent de multiples paramètres qui s’ajoutent et inhibent peu à peu la relation au corps : la culture, les lois, les règles, les principes civilisationnels, juridiques, politiques, sociologiques. Nos idées résultent de milliers d’années de civilisations qui se sont mélangées, détruites ou phagocytées selon les époques.
A ce patchwork sociologique s’adjoint le vécu personnel, familial, amical ou des expériences diverses qui œuvre en fond pour créer qui on est, ce que l’on est, qui l’on veut être ou devenir.
On pense avoir du temps, on pense être éternel mais le pragmatisme de la réalité aura toujours le dessus sur l’invention des idées, sur les suppositions du mental et sur les désirs.
Entrevoir c’est voir entre les choses, entre les évènements, entre les évidences ou les raccourcis simplistes, c’est aussi voir ce qui est invisible, non perceptible aux sens, c’est rencontrer l’ineffable et l’insondable, par ce qui n’est pas déductible par la raison et la logique d’un raisonnement inéluctablement biaisé par son cadre structurel (factuel et expérientiel).
Rencontrer ce qui n’est pas pensable est impensable pour le matérialiste et le structuraliste car il ne peut concevoir ce principe et donc il n’existe pas dans son esprit et ne peut y prendre place.
Si l’espace n’est pas déjà présent pour y poser l’objet, l’objet ne pourra y entrer et y demeurer. La pièce d’un puzzle ne peut se placer si la conformation de l’espace ne correspond pas à celle-ci. C’est pourquoi, croire ou concevoir tous les possibles permet d’y faire entrer l’expérience, même si elle n’est pas de l’ordre de l’expérience mais de l’impérience autrement dit : l’expérience intérieure en quelque sorte, ce qui vient de l’intérieur et qui n’est pas soumis aux principes structurels et qui a sa source en-deça du corps.
On peut toujours objecter que cette expérience serait, malgré tout, inféodée à la structure du cerveau et donc à la physiologie et au cadre humain. Certes, mais inversons ce principe (sans démonstration) pour considérer que l’information prend effet non pas à cause du cerveau mais qu’elle nous apparaît grâce au cerveau , qu’elle prend place grâce au cerveau, celui-ci agissant en tant que détecteur; ainsi supposons qu’elle est comparativement modelée à notre conscience grâce au cerveau à partir d’une forme/état qui le surpasse, qui englobe la matière sans être de la matière.
Le cerveau serait ainsi un simple projecteur, limitant bien entendu, mais projecteur d’une information qui serait plus riche qu’il ne pourrait l’appréhender. L’intuition ou le sens relationnel serait la caméra personnelle nous permettant d’appréhender le réel, un réel plus vaste que tout ce que l’humanité pourrait vivre en mille milliards d’années. Si ce réel peut se transposer en une partialité projective qu’on appelle alors la réalité (ou expérience de vie et de conscience dans le jivatman), c’est que nous possédons le projecteur, qui a le rôle aussi, d’écran de transposition.
Où se placerait alors l’intuition et quelle serait sa nature ?
L’intuition n’a pas de support en tant que telle, elle n’est qu’une résonance de la conscience avec la Conscience globale de l’univers, en lien avec l’attention et l’intention. S’il y a bien projection c’est la projection d’un canal de circulation privilégié, comme un cordon, comme un guide d’onde qui permet par l’intention, de privilégier un aspect particulier de l’univers, des informations existant dans l’univers et concommitament en tout point de l’univers.
En aparté, le point au sens mathématique du terme, n’a aucune dimension, aucun volume, il exprime donc le néant, l’absence de toute chose en tant que réalité, en ce sens l’univers est composé d’une infinité de néants dont chacun est aussi indépendant des autres et constitue un univers en soi inaccessible à notre univers, c’est en quelques sorte le paroxysme structurel de la fractalité où cet ensemble d’univers-néants infini constitue lui-même un univers-néant dans une structure lui étant inaccessible puisque indépendant de toute chose extérieure à lui, il devient ainsi (notre univers) un néant pour un univers l’englobant.
Le fait de considérer que le rien peut être l’absence de relation entre deux choses aussi séparées entre elles que peuvent l’être deux points mathématiques de leur point de vue propre. L’espace-temps d’un point étant nul, il n’accède à aucune autre chose ou autre point que lui-même. Et pourtant, l’ensemble de ces néants mathématiques peut être considéré comme une totalité ou encore, tous ces néants sont équivalents et constituent une continuité d’espace-temps, de leur infini (l’infini de tous les points) peut émerger l’infini de toutes les propriétés inconcevables et inimaginables.
Le néant est équivalent de l’infini en soi : un univers sans fin, infini, aurait la propriété que n’importe quel objet de cet univers serait à une distance infinie de tout autre objet de cet univers, la notion même d’espace-temps s’évanouirait au profit d’un équivalent du néant. Le néant et l’infini sont équivalents même si mathématiquement opposables.
Si un infini est constitué d’une infinité d’objet, est-ce que tous ces objets sont reliées, emplissent l’espace-temps ou y ‘a t-il séparation possible entre ces objets ?
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Ce texte écrit il y a deux jours est une partie d’une réflexion plus complète qui sera publiée sous une autre forme d’ici quelques années.
Mickito, 29/08/2021
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